Art is the highest form of hope

Brussels mag N°18

1 establishment, 3 trades

Maison Vervloet – one house, three trades

TEXT MARIE HOCEPIED - PHOTOS JUSTIN PAQUAY

After more than 110 years, Maison Vervloet still inspires the public.  We met with three artisans who work for this family-owned artistic ironwork firm whose international reputation is widespread.

Quel est votre parcours dans la maison ?

Pascal De Braekeleer  Je suis entré dans la Maison à l’âge de 16 ans en tant que limeur. En période de grand rush, je donnais un coup de main au décorateur qui était à l’époque en fin de carrière. Après deux, trois ans, on m’a proposé de reprendre son poste, j’ai donc pris la relève et suis devenu décorateur. Même si j’ai suivi des cours du soir en ciselure, j’ai toujours eu un faible pour la décoration. Je suis un autodidacte, j’ai amené différentes patines qui me sont propres. Au fil des années, il a fallu adapter les décors, les demandes spéciales.

Manu Puertas  J’ai commencé très jeune ici. Quand on arrive dans l’atelier, on commence toujours par le limage. C’est une étape obligée, et la plus difficile. On dégraisse les pièces, on lime, on range, on nettoie l’atelier, c’est notre formation de base qui permet ensuite de mieux comprendre le fonctionnement de l’atelier. Au début, c’est très douloureux, notre peau est encore très sensible, on se blesse facilement, mais elle s’endurcit heureusement très vite. Ensuite, en fonction de ses compétences, de ses aptitudes et envies, l’artisan est orienté vers une spécialité. Pour moi, c’était le décor : apporter une finition bronze, vieux cuivre, canon de fusil ou dorure à une pièce. J’y suis resté quelques années avant qu’un ajusteur me prenne sous son aile et me demande en renfort. Je me suis perfectionné et suis très vite devenu ajusteur-placeur. Je me rendais sur chantier pour ajuster et poser les pièces qui étaient réalisées en atelier. C’était un travail très gratifiant, souvent réalisé dans des lieux incroyables. On m’a ensuite proposé le poste de contre maître et suis finalement chef d’atelier.

Quel a été votre parcours avant de rejoindre Vervloet ?

Donatienne Grégoire  J’ai commencé par une formation en bijouterie à l’IATA à Namur. J’ai fait cinq années avant de rejoindre des cours en sculpture à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles. J’y ai fait un master. J’aimais l’idée d’apprendre la sculpture en complément de la bijouterie. J’avais l’envie d’acquérir d’autres compétences, découvrir d’autres horizons. J’ai rapidement trouvé un job dans une fonderie d’art. On coulait le bronze, on travaillait avec les artistes. C’était très varié comme travail. J’ai ensuite postulé chez Vervloet pour un temps partiel, afin de dégager du temps pour la création de mes propres bijoux. Cela ne fait que trois mois que je suis ici, mais plus j’y viens et plus je m’y sens bien. Ca se rapproche pas mal de la bijouterie ; selon moi, les pièces Vervloet sont comme des bijoux domestiques. On retrouve une pérennité de l’art également, avec la collaboration de designers, d’artistes et d’architectes. Et par-dessus tout, le fait que l’on façonne chaque pièce de nos propres mains…

Quelle est votre « job description » ?

PD Le rôle du décorateur est de donner une teinte, et de vernir la pièce. Réaliser son aspect fini. Le décorateur prépare ses bains acides manuellement. C’est de l’artisanat pur. Après le polissage, la pièce arrive à la décoration. On procède d’abord au dégraissage à l’ultra son. La pièce est passée dans différents bains d’acide afin d’obtenir la patine souhaitée. Une fois oxydée, on la passe alors en cabine de vernissage afin de fixer la teinte. Le bain d’or se fait quant à lui par électrolyse.

MP Je planifie le travail et assure la gestion des dossiers, la distribution des tâches aux bonnes personnes, la gestion des problématiques diverses, la recherche de solutions. Il y a souvent des surprises dans l’artisanat. Rien n’est mécanisé chez nous. Il est très compliqué d’être précis sur des timings et des délais.

DG Je suis la plus jeune, la dernière arrivée et la seule femme dans l’atelier ! (rires) Je suis encore dans une phase de découverte, je me familiarise avec les différents postes présents. Je viens en renfort dés que l’on a besoin de moi. Quand on est jeune, on a envie de passer par un maximum d’ateliers pour se faire une expérience. Ici, j’espère rester plus longtemps car il y a beaucoup de choses à apprendre. J’ai découvert la maison via le Musée de Fonderie. C’est un boulot assez différent de mes précédentes expériences. Je pense apporter un regard neuf sur certaines techniques utilisées au sein de l’atelier et inversement, les artisans avec plusieurs années d’ancienneté m’apportent énormément.

Si vous deviez décrire la maison Vervloet en 3 mots clés ?

PD Luxe, excellence et attention.

MP Elégance, qualité et service.

dg Pérennité, délicatesse, artisanat.

La réalisation qui vous a le plus impressionné ?

PD Une commande très spéciale qui consistait à recouvrir un sarcophage de tôle de cuivre. Il était gigantesque.

MP La fabrication des rampes d’escalier. Avec mon mentor, Robert Sadouine, nous avons réalisés plusieurs rampes. Il faut compter trois mois de travail : battre et centrer le fer, mesurer les marches, reproduire l’escalier en atelier, fixer les pièces… C’est un travail titanesque qui exige tous les efforts de deux hommes à temps plein pendant trois mois. On réalisait ce genre de commande il y a 15 ans, aujourd’hui, nous nous limitons aux mains-courantes des escaliers.

Quelle est votre pièce préférée dans

les différentes collections ?

PD Une béquille rosace et entrée de clé, style Empire, numéro 776, qui ressemble à une plume en finition or fin.

MP La poignée Pull Handle 25, une poignée très imposante en tête de lion.

DG Je ne connais pas encore tous les modèles avec précision, mais j’aime les pièces plus modernes qui se mélangent aux plus anciennes. Le mix des deux est très intéressant.

Bequille 15000